Je me souviens… oui je me souviens, cette sensation, elle était comme une caresse à ma joue, comme la brise qui se donnait à l’aube, un souffle de liberté. L’étau se relâchait progressivement, je portée par une force inconnue je me sentais m’éloigner de ce monde déguisé en enchantement, partir, m’écarter de cet existence maudite.
Mais lorsque ce j’ouvris les yeux, ce n’est pas un domaine où perfection pousse au sein des vergers qui me fit le plaisir de se laisser contempler, ni bruit, ni parfum y régnait, cela ressemblait à de la brume, une curieuse brume… Un nuage peut-être ? L’entrée de ce monde se trouvait-elle juste devant moi ? L’hésitation ne me tenait plus, il fallait que j’aille voir.
Je me redressai, et au premier pas mon pied heurta une chose, assez volumineuse. Je baissai la tête, je vis mon violoncelle, posé là où j’étais, à mes côtés, dans les moments les plus difficiles il m’accompagnait, comme un ami. C’était un signe, qui me disait d’avancer, sans regarder en arrière, je reviendrais après le chercher… enfin, je crois…
Pas à pas, je me sentais mue d’une force nouvelle, comme s’il me poussait des ailes. Oui c’était bien ça…. Je ne me trompais pas… Je marchais, je courais, oui, j’en étais essoufflée, à travers ce brouillard divin quelques choses m’aidait, me soutenait, mais…
Ma course prit fin lorsque ce fut la chute, mon pied m’avait-il fait tombée à force de courir ? La fatigue ? Je me retournai, que vis-je ? Mon violoncelle…
Comment se pouvait-il que je le retrouve ici ? Je n’avais tourné à aucun moment mais cependant… il était évident qui j’étais revenu à mon point de départ.
Mainte fois je recommençai ce parcours… et mainte fois je me retrouvais devant lui… il fallait me rendre à l’évidence… j’étais perdue, égarée, entre la pensée et le temps, piégée, dans un infini dédale aux allures nébuleuses, seule…. Oh oui condamnée à demeurer seule pour l’éternité.
Comment de temps ai-je croupi loin du monde où les bourgeons éclosent et le vent souffle ? Combien de fois me suis-je dit qu’il fallait que je me lève et où je n’ai pas bougé ? Combien de fois… non combien de temps serais-je exilée loin de tout ? La réponse me paraissait aussi claire que de l’eau de roche, mais en même temps si incertaine et floue : toujours, ce serait mon tombeau, ma prison de solitude, mon antre où je demeurerais insolée pour le reste de ma vie… enfin, peut-on appelé ceci une vie ? Non. C’est un supplice pire que de mourir cent fois.
Un jour, cependant, j’entendis comme une ritournelle m’appeler par-delà le lointain, je ne l’avais jamais entendu, et pourtant elle me semblait si familière… ce qui la rendait familière, c’était ce…
« Colleen… »
Cette voix, ce souffle, je les connaissais, ils avaient bercés mon enfance… Maman…
Je me relevai, si vite que ma tête n’eut pas le temps de comprendre, et me retournai…
Je n’en croyais pas mes yeux. Bien que ses contours eurent étaient abstraits, c’était elle, je ne saurais dire comment elle était vêtue, si ses cheveux étaient bruns ou pas, mais une chose me frappa au premier coup d’œil : son sourire, il était largement dessiné sur son visage, c’était la seule chose qui se distinguait immédiatement du reste, comme ce jour-là.
« -Colleen… viens…
-Maman ! »
J’avançais de plus en plus vite, maladroitement, certes, mais avec la conviction que tout cela était fini, que je pouvais partir, que j’avais le choix, que j’étais libre, qu’une occasion inespérée se présentait à moi, et cette occasion, je devais la saisir.
« Maman ! »
Mes larmes mouillaient mes joues, à la façon dont la pluie inonde le monde. Mais ce passage dans ses bras ne dura pas. Je me retrouvai bientôt à nouveau allongée à même le sol, mon violoncelle à la main, mon carnet et ma plume attachés à ma ceinture… mais… ma main gauche caressait quelques choses de doux, de frais, d’humide, cela ressemblait… à une plante…
J’ouvris mes yeux, je me trouvais dans un lieu, comme la gare d’une locomotive, mais… à l’abandon, recouverte par la végétation sauvage comme de la mousse, ou des plantes grimpantes.
Du haut de mon mètre 03, je pouvais admirer les alentours, à l’aspect délabré mais avec un charme tout particulier, que je saurais définir d’ailleurs…
Tandis que je profitais du paysage, un passant attira mon attention... Un passant, oui un passant… quelqu’un, une personne, un être-vivant qu’importe ! Je n’étais plus seule ! Bizarrement, je me hasardais à tapoter l’épaule de cette personne et à écrire sur mon carnet :
« Excusez-moi, pourriez-vous me rendre un ridicule service je vous prie ? »